Night Gallery - Saison 2

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    Seconde livraison pour Elephant Films qui nous offre aujourd'hui, toujours dans un très beau packaging, la tant attendue saison 2 de Night Gallery. Attendue non seulement parce qu'elle révèle au public français un matériau imposant (62 téléfilms répartis sur 22 épisodes) et, bien sûr, inédit, mais surtout parce qu'elle permet de réévaluer une partie de la série qui, pendant longtemps, ne fit pas l'unanimité parmi les fans. 

    Une petit retour en arrière s'impose : quand Rod Serling accepte au début des années 70 la commande de NBC pour une anthologie consacrée au fantastique et à l'horreur, il perd le droit de regard qu'il avait toujours exercé sur La Quatrième Dimension. Passée une saison 1 où il avait réussi à imposer sa marque, il se retrouve de plus en plus cantonné au simple rôle de présentateur et scénariste occasionnel, contraint comme il le dit ironiquement de « visiter le cimetière toutes les semaines » pour une production qu'il voyait comme « un Mannix en linceul ». Peu intéressé par l'épouvante en tant que telle (son travail de dramaturge le porte plus sur une forme de conte moral teinté de SF), il se reconnaît de moins en moins dans cette saison 2 dont il désapprouve en partie l'orientation. Plus tard, dans un moment d'amertume, il reniera publiquement Night Gallery dans son ensemble, attitude que beaucoup de ses admirateurs suivirent sans discussion et qui a longtemps contribué à en faire ignorer les qualités. 

    Car, malgré l'opinion négative qu'en eut Serling, cette saison 2 est de loin la meilleure de la série, celle qui contient quelques-uns de ses épisodes les plus inventifs, originaux, voire carrément géniaux, en tout cas parmi les choses les plus insolites jamais diffusées sur le petit écran américain. Si la critique de l'époque ne fut pas tendre envers les sketches humoristiques parodiant les monstres de la Universal (un Dracula à la banque du sang, Leslie Nielsen jouant les Lon Chaney dans Le Fantôme de l'Opéra, une version soap opéra de Frankenstein...), lesdits sketches font plutôt ici offices de brefs interludes entre des téléfilms plus longs et généralement plus ambitieux. Et de ce côté, on s'attaque à de l'artillerie lourde, les scénarios adaptant les écrits de Richard Matheson, Robert Bloch, A.E. Van Vogt,  August Derleth ou encore Oscar Cook... Le meilleur du fantastique anglo-saxon mis en image par des habitués de la série (Jeff Corey, John Astin...) mais aussi par les fidèles réalisateurs John Badham ou Jeannot Swarck. Sortent du lot deux très belles adaptations de Lovecraft, Pickman's model (un peintre dont les toiles figurent des créatures abominables prétend que ces dernières ne doivent rien à son imagination mais sont en fait authentiques) et surtout le poétique Cool air (une femme tombe amoureuse d'un reclus vivant dans un appartement dont la température est maintenue soigneusement réfrigérée par une machine). Ce versant littéraire atteint son apogée avec un petit bijou adapté du classique de Conrad Aiken, Silent snow secret snow, réalisé par Gene Kearney et narré par Orson Welles, où un petit garçon refusant la réalité se perd dans un monde onirique recouvert de neige, épisode qui compte parmi ses fans rien de moins que Guillermo Del Toro qui en assure le commentaire audio DVD. 

    Mais le vrai tour de force de cette saison 2 est d'avoir réussi à imposer, en dépit d'énormes contraintes de censure, quelques-unes des fictions les plus dingues jamais vues sur format télé. Il faut attribuer cette audace au producteur Jack Leard, personnalité excentrique dont le mot d'ordre était de laisser une liberté artistique quasi totale aux réalisateurs et ce jusque dans leurs idées les plus expérimentales, avec de gros budgets leur permettant décors d'époque et costumes. C'est ainsi qu'on découvre, assez stupéfaits, des épisodes d'une noirceur abyssale, pas vraiment confortables pour le spectateur moyen : dans Class of 99 , avec Christopher Lee, une université enseigne à ses étudiants des méthodes fascistes de domination mondiale ; Sins of the father, conte gothique mettant en scène Barbara Steele, se base sur l'obscure croyance médiévale dans les « mangeurs de péchés », pauvres hères que l'on obligeait à se gaver des victuailles au-dessus des cadavres des bourgeois, afin d'absorber physiquement les fautes des puissants et se condamner eux-mêmes à la damnation éternelle. Mais le sommet dans le terrifiant reste The Caterpillar, adapté de la nouvelle Boomerang de Oscar Cook : dans la jungle de Bornéo vit une sinistre variété de perce-oreille qui s'introduit dans le canal auditif du bad guy de l'histoire, pour entreprendre de lui dévorer la cervelle. Le docteur l'informe que ce parasite n'a qu'une chance sur cent de ressortir par l'autre oreille, ne lui laissant pas d'autre alternative que de devenir fou ou de mourir dans d'atroces souffrances. Un épisode dévastateur dont la chute finale (une dernière réplique sans équivoque) a marqué les téléspectateurs à vie, et sans doute le téléfilm le plus dérangeant jamais diffusé. 

    Cette saison 2 de Night Gallery marque l'apogée de la saga et permet de rendre justice à une des productions les plus originales de la télé US. A redécouvrir sur le champ. 

 

Sébastien

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