Matalo de Cesare Canevari

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Artus Films poursuit sa déjà imposante collection Western Européen avec un film que l'on attendait depuis longtemps. Matalo est un effet un OVNI qui ne ressemble à rien de connu et dont la réédition DVD en fait d'emblée l'un des objets incontournables de ce printemps. Disons-le sans attendre : voici un film que vous devez redécouvrir d'urgence si ce n'est déjà fait, tant il renverse de manière totale les codes de ce que vous croyez savoir du western italien. Un an après Le Spécialiste de Sergio Corbucci, il revisite la mythologie de l'Ouest à la mode hippie avec une démesure particulièrement explosive.

Matalo n'affiche pourtant au départ rien de révolutionnaire. Co-écrit par Mino Roli, il n'est en fait qu'un remake déguisé d'un film sorti deux ans plus tôt, Dieu ne paie pas le samedi, au scénario ultra classique : un héros pacifiste est contraint d'affronter quatre desperados à la recherche d'un chargement d'or dans une ville fantôme. Cesare Canevari (qui réalisera quelques années plus tard l'incroyable La dernière orgie du IIIème Reich) n'a quant à lui à son actif qu'une poignée de films dont un médiocre western (Per un dollaro a Tucson si muore). Tourné à une époque où le genre se meurt, l'année 1970 de On l'appelle Trinita, Matalo est un film auquel personne ne s'attendait et qui semble avoir échappé à ses auteurs même.

Commençons déjà pas la musique, qui affiche clairement la couleur : loin des thèmes spaghettis typiques à la Bruno Nicolai, Luis Bacalov ou Ennio Morricone, Mario Migliardi (compositeur sous-estimé qui créa de superbes musiques électroniques pour La Planète des hommes perdus et la série télé A come Andromeda) offre une hallucinante suite de rock psychédélique qui plonge le spectateur dans une ambiance sous LSD totalement immersive. Presque dépourvu de dialogues dans nombre de séquences, le film en joue comme d'une trame permanente pour soutenir une mise en scène elle aussi totalement possédée. Ralentis, zooms abrupts, mouvements de caméra insensés, Canevari pousse sa réalisation à un niveau de folie jamais atteint, faisant de Matalo une expérience sensorielle inédite. Assez proche dans l'esprit des Acid Westerns américains, le film est un concentré de contre-culture Flower Power, poussant l'anachronisme jusqu'à faire de ses « bandits » de purs hippies arborant colliers et vêtements colorés, face auxquels le héros vengeur réplique en utilisant comme arme non un révolver mais... un boomerang ! Surréaliste dans le fond comme dans la forme, il peut revendiquer une filiation certaine avec Tire encore si tu peux de Giulio Questi, notamment dans une scène de torture étirée au-delà du bon sens qui en constitue sans doute l'un des moments les plus déviants. Lou Castel domine une distribution composée d'acteurs tous parfaits (Corrado Pani, Antonio Salines, Louis Davila sans oublier la belle Claudia Gravy) mais comme réchappés de productions obscures, eux-mêmes étrangers dans cet univers parallèle. Un facteur supplémentaire de bizarrerie pour ce monstre cinématographique.

Proposé dans une très bonne copie, Matalo devient donc indispensable. Quand pour le même prix, on a en plus une présentation érudite de notre tout aussi indispensable Alain Petit, on se précipite carrément.

Sébastien

Titre: Matalo
Réalisateur: Cesare Canevari
Fiche Imdb
Genre: Western Spaghetti

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