Sous terre, personne ne vous entendra crier (c'est vachement bien isolé)
Peut-être, tout comme moi, vous êtes vous posé la question en voyant un "cloverfield" dans le titre et un J.J. Abrams producteur de savoir si tout ça avait un rapport quelconque avec Cloverfield, le found-footage où on trébuche sur des extraterrestres dans le noir.
Et bien, sur ce point, ne faisons pas durer le plaisir et l'intense suspense : oui, peut-être.
Ce faisant, c'est sur une autre piste, en-dehors des sentiers, que nous entraîne 10, Cloverfield Lane. Dès la première séquence, l'ambiance s'installe, une femme en fuite, un accident et crac, séquestration. S'ensuit un réveil rude, abîmée dans une cave de fort bonne tenue face à un imposant monsieur avare d'informations (et plutôt caractériel), l'héroïne ne tardera pas à en rencontrer un second, bien mignon mais gentil (et vice versa).
Bloqués dans ce bunker, les trois protagonistes passent par un peu toutes les émotions, même si les affres de l'ennui, l'épreuve de l'enfermement, plane à chaque instant, le trio s'apprivoise, apprend à survivre ensemble et parfois la confiance s'installe entre deux suspicions. En ça, le film de Dan Trachtenberg réussit admirablement bien son coup, ne laissant que peu d'informations filtrer. Démarrant sur un mystère, des éléments disséminés au fil du récit ne cessent de semer le trouble dans l'esprit de la rescapée, Michelle, qui se souvient néanmoins d'être elle-même, ce qui lui servira, grandement.
Et 10, Cloverfield Lane ne s'arrête pas là, se présentant sous une forme de thriller horrifique où la torture est psychologique, aléatoire, épuisante par ses à-coups entre confiance et méfiance, le film finit par semer un trouble chez le spectateur lui-même en apportant de fausses pistes d'un côté et des révélations soudaines dans son dernier tiers ! La grande respiration finit par se présenter sous une forme encore moins souhaitable que la séquestration elle-même mais l'endurance de l'héroïne nous surprend encore une fois après avoir souffert et soutenu tout le film, refusant encore et toujours de subir et tentant toujours de fuir
Résultat, 10, Cloverfield Lane fait plaisir à voir d'abord grâce à son atmosphère oppressante, huis-clos bien ficelé et efficace dont les quelques maladresses réussissent à se fondre dans cette masse de pure cachotterie, renforçant le malaise psychologique ambiant et aussi et surtout parce qu'il ne nous laisse pas sur notre faim offrant une belle ouverture vers une autre terreur, à l'air libre cette fois, mais vicié.
Yoann
Réalisateur : Dan Trachtenberg
Sortie : Mars 2016
Durée : 1h43
Genre : Thriller SF avec abri anti-atomique inclus.
Acteurs : Mary Elisabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr.
http://www.imdb.com/title/tt1179933/