On est pas coutumiers du fait chez SuperFlux. Un album de musique extrême qui transcende les frontières. Et pourtant si, un de plus. Un de plus que personne n'écoutera à tort. Un de plus qui chie sur les frontières, un peu comme Trump à l'envers, un peu comme les gilets jaunes qui déconstruiraient des barricades pour ne construire que le meilleur. Un disque entre tous les styles qui résument la rédaction. Postcore, black, doomy, cinématographique, musicien, lancinant, cet album ne laisse la place à aucun rebut car il englobe tous les débats.
Le disque crie la guerre, la pleure, ose l'invocation. On a bouffé une décennie de post black hurlé, d'ersatz de noirceur mal conchiée, de mal être rémanent sous touches d’arpèges. Wayfarer ne nous la fait pas à l'envers, les arpèges seront jazzy à la basse, les riffs seront perdus dans le Dakota, la batterie emportant le tout. On a bouffé une décennie de rythmiques programmées, de descendants d'abominations indus métallisées sous prétexte de blast beat mal tendus, Wayfarer est loin de tout ça. Wayfarer joue du postcore jazzy blackisant.
J'ai sorti le gros mot de journaleux foiros. Pourtant j'en ai chié des disques de black des dernières années, et aucune sonorité (The Dreaming Plain) ne m'a récompensé d'autant de spaghetti. Wayfarer est cinématographique, Wayfarer a senti le climax postcore douloureux des familles. Pourtant le disque est magnifié par la véracité de ses riffs et rythmiques , de ses accalmies western à la Earth version speed metal.
Dylan Carlson a soi disant tué Kurt Cobain (quelle hérésie monsieur le chroniqueur, il était juste un intermède), je suis persuadé que ce disque a tué une esthétique musicale propre, entre black, postcore, progressif (le final de The Crows Ahead Cry War ) et production au-delà du fréquentable, car la dureté de choix fait souvent un disque en demi teinte, sauf erreur aléatoire. J'ai en tant qu'humain toujours du mal à appréhender cette structure musicale entre Western, Black, Postcore, Postblack (The dreaming plain) et production claire filandreuse (on attend le nouveau DHG avec beaucoup de patience pour pardonner les incartades progressives de type jazzeuses) mais j'apprécie énormément les envolées blacky du combo. Le post black à base de clavier est mort. Les expérimentations coresques à base de riffs élargis n'ont aucun son.
Wayfarer renoue avec l'esthétique basique du POST core/black. Un riff, une souffrance, une graine plébéienne, un batteur rafistoleur génial. Ce disque est la meilleure came que j'ai pu digérer cette année, entre western spaghetti, postcore hipster (A nation of Immigrants en mode folk, à tester en famille, post black mouvance, death black jazzy, postcore produit). FAV. Ce disque dépasse toutes les sorties de l'année, entre prog et extrême, rien de mieux actuellement.
Artiste : Wayfarer
Album : World's Blood
Sortie : Fin 2018
Bertrand