Swans - The Glowing man

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On commence à connaître la chanson lorsqu'on déballe le nouvel objet de Young god records. Un triple LP cartonné, avec un poster méticuleusement inséré dans le volet du troisième disque. S'il  y  a une seule certitude sur les Swans, c'est le regain de vitalité monstrueux dont la nouvelle incarnation entièrement gérée par Michael Gira fait preuve depuis My Father will guide me up a rope to the sky. Un premier album de réformation sonore qui était au final l'introduction de ce vers quoi se dirigeait cette nouvelle line up, un premier album plus folk, plus concis aussi, qui permettait à Gira de couper les ponts avec ses précédentes formations (Angels of light notamment). On a eu le droit depuis à trois monolithes, trois cathédrales soniques uniques en leur genre, nous faisant découvrir les turpitudes artistiques du sieur Gira de ces dernières années.

The Glowing man semble être le dernier disque d'une trilogie, savamment orchestrée avec The Seer et To be Kind. Trois triples LPs boulimiques donc, remplis jusqu'à plus faim. Un nouveau chant du cygne en quelque sorte, impression confirmée par les dires de Michael Gira lui-même qui semble déjà se diriger vers une nouvelle incarnation pour son bébé, et qui a déjà en tête la suite logique des événements. Les Swans, il le répète est SON projet. Il ajoute même qu'il l'a toujours été et que toutes les périodes du groupe l'ont vu s'entourer de différents collaborateurs qui n'étaient que des exécutants de la volonté artistique d'un seul homme. Ceux qui ont vu le groupe en live récemment ne pourront que confirmer ces dires aux vues de l'image de tyran que dégage Gira, sorte de chef d'orchestre fou d'une formation complètement mégalo.

Je tenais aussi par l'intermédiaire de cet article à remercier mon tout premier partenaire de prose musicale (il se reconnaîtra) qui m'avait gentiment balancé Filth (album fondateur industriel et tribal de 1983) dans les gencives quand j'avais encore 18 ans.

Mégalo, ce disque l'est. N'ayant toujours pas digéré les autres disques de la trilogie tant ils étaient fournis, celui-ci ne dérogera probablement pas à la règle, des années après. The Glowing man se situe effectivement dans la lignée de ses deux petits frères, dans l'optique du disque fleuve où sonorités en tous genres se rencontrent. On peut affirmer aujourd'hui que les Swans est un assemblage ambitieux (voire totalement fou) de tout ce à quoi a pu toucher Gira dans sa vie. Entendons par là que Gira crée une musique qui n'a clairement plus rien à voir avec le Swans tribal des débuts, plus rien à voir avec le Swans période heavenly rock du milieu, plus rien à voir avec le Swans ambiant de la fin, plus rien à voir avec ses escapades post folk/folk et rock solo en tout genres et qui reste pourtant au croisement parfait de tout cela.

The glowing man tisse une toile dans laquelle il est extrêmement difficile de se retrouver, avec des morceaux délirants dans leur construction s'étalant parfois d'une face à l'autre du disque. Pourtant, tout semble couler de source avec des morceaux évolutifs, des rythmiques plombées jusqu'aux accalmies cristallines. Je n'ose imaginer la douleur dans laquelle ces morceaux ont dû être accouchés, tant le rendu sonore paraît intransigeant, et ne laisse aucune place aux aléas du studio. La douleur est d'ailleurs un élément qui transpire dans les textes, toujours aussi énigmatiques et aux thématiques fortes (addiction, aveuglement, religion, perte). Une montagne d'instruments et de participants s'ajoutent aux noyau du groupe pour un disque qui paraît d'ailleurs bien plus triste que ses prédécesseurs, plus à fleur de peau et mélancolique.

Les Swans dernier cru, c'est au final quelque chose d'assez unique dans la sphère musicale actuelle. Proche des années 70 peut-être dans la façon de composer des disques aussi cohérents et forts, proche d'une esthétique progressive dans la recherche d'un morceau mais pourtant tout aussi exigeants avec eux-mêmes lors de leurs tournées. Je reste donc bouche bée devant la qualité du rendu final, un travail pharaonique qui pourtant s'apprécie tout d'abord avec le corps tant la musique des Swans reste toujours aussi physique, avec ces couches sonores s'ajoutant et s'entremêlant. Les Swans sont les nouveaux bâtisseurs de cathédrales, remplies de spiritualité.

On ne peut que souhaiter que les déboires actuels de Gira avec la justice, suite à des accusations d'abus sexuels, ne mettent pas fin à ce projet, l'un des plus passionnants du moment (et qui l'était déjà en son temps). Si en 1998 ils enregistraient leur épitaphe live sous le doux nom de « Swans are dead », on peut aujourd'hui affirmer en toute sérénité qu'ils mentaient, et qu'ils n'ont jamais été aussi vivants qu'aujourd'hui.

Bertrand

Artiste : Swans
Album : The Glowing Man
Sortie chez Young god records le 17 juin 2016 http://younggodrecords.com/collections/swans/products/the-glowing-man
Genre : Musique fondatrice.

 

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