Monarch - Never Forever

×

Message d'erreur

Deprecated function : The each() function is deprecated. This message will be suppressed on further calls dans _menu_load_objects() (ligne 579 dans /opt/superflux/www/drupal/includes/menu.inc).

Depuis leurs adieux et l'indispensable Mer Morte (2008), Monarch n'aura jamais été si prolifique. Quelques changements de line up par ci, quelques collaborations par là, de nouveaux albums dantesques au milieu, le groupe n'a de cesse d'émerveiller et de surprendre. Monarch a toujours erré dans les contrées d'une lenteur des plus pachydermiques, entre doom sépulcral et drone pesant. Leur musique originelle pouvait se rapprocher de celle de Khanate en terme de violence et de lourdeur, mais gardait son quota d'humour et d'influence sludge voire heavy. C'est dans cette veine que le groupe développe une verve bien plus mélodique au fil des albums depuis Sabbat Noir (2010, cherchez l'influence principale du groupe maintenant) , Sortilège (2011) etSabracaddaver (2014, retrouvez encore la référence extrêmement bien cachée)

2017 donc, c'est le retour du grand Monarch de fanfare, en version bien plus funeral doom (Cadaverine) qu'auparavant, voix claire se mélangeant aux growls, sur fond de riffs bien heavy  (cf. la reprise de Kiss, Diamant Noir) qui se mêlent aux habituels riffs pesants qui font la marque de fabrique du combo depuis leur formation. 
Ce Never Forever pousse le groupe dans ses propres retranchements de part sa beauté mélancolique presque unique dans la discographie du groupe, avec des morceaux épiques teintés d'une émotion palpable et d'une douleur sublimée (le final Lilith est probablement le morceau le plus beau que j'ai entendu ces dernières années).

La première chose qui marque, c'est évidemment les variations vocales d'Emilie qui oscille entre growls haineux, cris aigus, chant vaporeux, chuchotements incantatoires, élévations chantées, le tout pour servir des morceaux sans aucune faute de composition. 
Monarch a définitivement gagné en savoir faire au fil du temps, c'est évident. Preuve en est leur discographie fleuve avec quantités de collaborations variées (de Elysium à Birushanah en passant par Grey Daturas ou encore Moss), des tournées où ils ont toujours mis les scènes à feu et à sang à l'aide d'un volume de jeu indécent, de rythmiques écrasantes et d'une énergie presque punk, unique vu la lenteur des morceaux. 

On le ressent aujourd'hui sur un album qui fait fi des carcans soit disant « post » quelque chose, drone par ci ou prog par là. Le groupe n'a jamais sonné autant lui-même que depuis qu'il joue libéré, assumant pleinement ses influences heavy et mélodiques tout en gardant cet amour pour les morceaux étirés et la lourdeur sans aucune concession. On pense aujourd'hui encore plus qu'hier aux Melvins, (et cette reprise de Kiss n'est pas anodine, leur Goin Blind à eux en quelque sorte) avec ces choix soniques, ces rythmiques hachées, ces fuzz de l'espace ouvrant les larsens aux mélodies évidentes. La production de cette cuvée est douloureuse tellement elle sonne juste. Les quelques nappes et l'alternance procession langoureuse/cassures en tous genres (qui sont au final l'écrin au service duquel les vocaux se mettent) sont sublimés en chaque instant par la teneur émotionnelle des climax.

Rien à jeter sur cette œuvre d'une rare cohérence, forte de l'expérience de ses géniteurs. Ils signent tout de même là la galette estampillée drone/funeral mais surtout musique lourde la plus marquante de ces dernières années. Never Forever est un paroxysme de beauté, qui nous rappelle pourquoi les musiques lourdes et lentes sont aussi jubilatoires dans leur construction et leur aspect charnel. 
Pierre précieuse taillée dans un ampli, ce disque est un bijou d'émotion et de polarisation des climats. On s'y perd à vouloir s'y retrouver et le groupe réussit encore une fois (et surtout d'une façon toujours différente) à nous oblitérer pour notre plus grand bonheur. On attend donc le concert au Rex ce samedi 14, voir comment ressort cette fragilité nouvelle sur toile de fin du monde sonique si fidèle au groupe depuis toutes ces années. Monarch Über Alles !

Bertrand

Artiste : Monarch
Album : Never Forever
Sortie : Octobre 2017 chez Profound Lore Records

Twitter icon
Facebook icon
Google icon
Pinterest icon
Reddit icon