Seattle, ex Harkonen, ex These arms are snakes et un bon bagage musical présent avec le précédent disque Sleepwalking Sailors, les anciens de chez Hydrahead Helms Alee ont tout pour aiguiser notre curiosité. Stillicide, le cru 2016 est tout bêtement leur meilleur opus. Il faudra m'expliquer pourquoi l'adjectif shoegaze (qui est plus un rebutant qu'autre chose à mes yeux) leur colle aux baskets d'ailleurs. Si Helms Alee arrivait déjà à l'époque à séduire par ses constructions alambiquées et la lourdeur de son rock, le groupe arrive en plus aujourd'hui à créer une réelle ambiance unique tout au long du disque.
Soyons concis. Là ou je lis (post) rock/shoegaze partout, j'entends sludge prog/(post)core/rock lourd. J'ai probablement dû perdre une oreille en laissant une chance à Deerhunter ou Yo la tengo, ce qui a dû altérer ma capacité à entendre les choses telles qu'elles sont. C'est donc à travers le prisme de mes pauvres oreilles meurtries et monotâches que ce Stillicide fait office de Neurosis tribal, rencontre le Melvins sinueux éduqué aux dérives cristallines d'un Mastodon bonne époque (j'entends déjà des voix intérieures se disant : ça existe ça?).
En tout cas, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas écouté de morceaux rock aussi aventureux dans leur construction, en évitant l'écueil montée/descente/explosions et en jouant autant sur les textures que sur une ambiance terre-à-terre aussi accueillante qu'agressive. On ajoute à cela une batterie outrageusement présente et juste (et dieu sait que c'est le genre de chose qui m'importe), une alternance vocale qui libère les morceaux avec le côté sensuel de Hozoji Margullis (et puis une batterie qui chante, j'en avais pas connu d'aussi cool depuis Phil Collins!) et le côté parfois rocailleux (d'ailleurs typé Neurosis) de Ben Verellen.
Pour en rajouter une couche, la production est d'une rare justesse, donnant une puissance galvanisante au riffing tout en laissant se créer les atmosphériques sur les passages mid tempo. On apprécie énormément les morceaux à tiroirs, où un nombre fou d'idées se succèdent pour transformer les pièces en petites poupées russes protéiformes. Le disque se vit autant dans son aspect immédiat et dans ses moments de bravoure que dans sa construction en forme de spirale qui happe peu à peu.
Ça fait quand même la troisième baffe que Sargent House me balance cette année, entre le Woven hand et le Russian Circles. A croire que la prochaine étagère Ikea sera dédiée à leurs objets.
Bertrand
Artiste : Helm Alee
Album : Stillicide
Genre : Les foo fighters à la recherche de l'ayahuasca.
Sortie mi 2016 chez Sargent House http://www.sargenthouse.com/